Que devons-nous faire ?
Telle est la question des foules qui viennent voir Jean Baptiste au Jourdain. A chacun des groupes (publicains, soldats, etc), le Précurseur donne une réponse concrète : il faut agir conformément à la justice. On attendrait une réponse spirituelle pleine de profondeur, mais les conseils sont terre-à-terre au point d’en
être déroutants : n’accusez personne à tort, n’exigez rien de plus que ce qui vous est demandé… Parfois nous aimerions des réponses compliquées, alors que la Parole de Dieu est simple et nous conduit à relire notre vie la plus quotidienne. Est-ce que vraiment je respecte celui qui vit à côté de moi ? Est-ce que je suis fiable dans mon travail ? Souvent notre vie chrétienne patine parce que nous ne regardons pas le plus simple, le plus banal, ce qui nous ennuie. C’est souvent plus facile de rechercher des transports mystiques le dimanche et le lundi de se conduire comme un requin…
Le deuxième élément à noter est absent du texte de ce dimanche. C’est ce qui le précède immédiatement : la question des foules, « Que devons-nous faire ? », ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe. Elle succède à une violente interpellation de Jean qui se montre comme d’habitude plutôt rugueux : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? ». C’est en réponse à cette apostrophe que les auditeurs, touchés au cœur, demandent au Baptiste des conseils. Ils auraient pu se vexer (on le serait à moins), mais entendant à travers cette parole une invitation de Dieu lui-même, ils reconnaissent qu’ils sont encore loin de pouvoir accueillir le Messie, et cherchent à se préparer. La colère de Jean les invite à regarder en leur cœur, et à espérer la grâce de la conversion, pour sortir de leur médiocrité satisfaite et retrouver le désir exigeant présent en eux. Et c’est alors que Jean leur donne ces conseils pratiques que nous pouvons appliquer à notre vie.
Finalement, dans la conversion, le plus dur est de se mettre en route, et cela exige parfois d’être un peu secoué ; ensuite, le mode d’emploi est écrit en toutes lettres dans l’Evangile : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ; « Ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux ». Voilà comment nous tenir prêt pour le jour de la venue du Christ !
Don François Doussau + prêtre