33ème dimanche du Temps Ordinaire

Dimanche prochain, nous clôturerons l’année liturgique tout en célébrant la solennité du Christ-Roi. Introduite le 11 décembre 1925 par le pape Pie XI avec la bulle « Quas Primas », cette solennité était à l’origine célébrée le dimanche précédant la Toussaint. Le dimanche du Christ-Roi se fonde sur l’enseignement du Nouveau Testament concernant la royauté du Christ, laquelle est également exprimée liturgiquement, en particulier lors des solennités de l’Épiphanie, du dimanche des Rameaux, du Vendredi saint et de l’Ascension. Dans le Nouveau Testament, on trouve de nombreux passages dans lesquels la royauté du Christ est représentée : ce motif apparaît en particulier dans les lettres de l’apôtre Paul et dans l’Apocalypse de Jean. Le contexte dans lequel Pie XI a ajouté cette fête au calendrier liturgique était marqué par la montée des idéologies totalitaires et sécularisantes, en particulier le
communisme, le fascisme ou le libéralisme sans Dieu. Toutes ces idéologies avaient cependant en commun de vouloir, dans une perspective laïque, reléguer Dieu et le Christ dans la sphère privée, voire de le combattre activement. La fête du Christ-Roi devait donc réagir face à ces tendances à la sécularisation et revendiquer la reconnaissance de la seigneurie du Christ dans la famille, la société et les institutions publiques.

La fête du Christ-Roi avait une grande valeur de témoignage, en particulier à l’époque nazie, en tant que refus de la prétention au pouvoir total de l’État. Avec le concile Vatican II et la réforme liturgique qui s’en est suivie, la date de la solennité a été déplacée au dernier dimanche du temps ordinaire, mettant ainsi en avant le caractère eschatologique du règne du Christ, c’est-à-dire l’attente du retour du Christ- Roi glorieux à la fin des temps. On emploie ici également l’image du Christ Pantocrator issue des premiers temps de
l’Église : le Christ qui trône à la droite du Père et qui reviendra à la fin des temps avec puissance et gloire pour juger les vivants et les morts. Le Christ, notre Seigneur, est le but de toute l’histoire du monde et de l’humanité. Tout converge vers le Christ et c’est par lui que le salut arrive à ceux qui sont sauvés. L’apôtre Paul écrit à ce sujet dans sa lettre aux Colossiens : « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : Le Christ est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui. Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église : c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel » (Col 1, 15-20). Ce Roi est donc notre Sauveur, notre Rédempteur, et il est notre Chef. Il est la tête de l’Église, dont nous sommes les membres. Il est la porte par laquelle nous pouvons entrer au paradis. Il est le but de notre vie et, en fin de compte, il est tout notre bonheur. Dans la préface de cette solennité nous prions : « Quand toutes les créatures auront été soumises à son pouvoir, il remettra aux mains de ta souveraine puissance le règne éternel et universel : le règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix. » Seul le Christ peut nous réconcilier, nous unifier, nous pacifier et finalement nous conduire au bonheur qui ne connaîtra pas de fin.

Au terme de l’année liturgique, avant le début de l’Avent, nous pouvons peut-être faire le point et nous demander : quelle place ai-je accordée au Christ dans ma vie ? A-t-il été roi dans ma vie au cours de l’année écoulée et lui ai-je donné le pouvoir sur moi ? Le Christ a-t-il été le centre de ma vie et a-t-il trôné au milieu de mon cœur ? Comment cela s’est-il exprimé dans mes actes ? Qu’est-ce qui, dans ma vie, a chassé le Christ de mon cœur ?

Laissons-nous inspirer par cette solennité de la royauté du Christ pour choisir à nouveau le Christ comme roi de notre vie. Il est notre Seigneur et notre Sauveur. Nous ne pouvons être sauvés que par Lui. Il ne désire rien d’autre que d’être dans nos cœurs, de nous conduire au salut et d’être notre bonheur éternel, voire parfait. Que le dimanche du Christ-Roi nous le rappelle donc et nous donne l’espoir de pouvoir le voir un jour face à face.

Don David STOLZ, diacre