« Vous ne savez pas ce que vous demandez »
Pour comprendre le cœur de l’Évangile de ce dimanche il faudrait écrire ces paroles de Jésus en lettres majuscules. Les fils de Zébédée ont demandé à Jésus les premières places à ses côtés… pour bien comprendre cette requête, il faut savoir que dans le passage qui précède immédiatement- les versets 32 à 34 de ce chapitre 10 de Saint Marc- Jésus vient d’annoncer sa Passion pour la 3ème fois aux disciples.
Est-ce de l’inconscience ou est-ce une gloriole naïve ? Jésus leur répond « vous ne savez pas ce que vous demandez ». « Pouvez-vous recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » Nous savons bien que Jésus parle de sa mort, de sa Passion. Ils disent : « nous le pouvons », ils répondent avec la même fougue, sûrement sincère, que Simon Pierre dans ses serments de fidélité au Maître.
Non, les fils de Zébédée ne savent pas ce qu’ils demandent, car ils ne savent pas ce dont Jésus parle, les terribles heures de la Passion, la crucifixion, le châtiment des esclaves, le rejet du Messie par les gens du Temple, ceux-là même qui connaissaient les Écritures, les prophéties au sujet du serviteur souffrant.
L’Église au 24ème dimanche nous faisait proclamer l’Évangile de la première annonce de la Passion, et Jésus avait ajouté : « qui veut marcher derrière moi qu’il renonce à lui-même. » Oui, c’est le premier enseignement de cet Évangile : nous, disciples de Jésus le Christ, que nous soyons prêtres ou laïcs fidèles, il nous faut marcher par le même chemin où Jésus lui-même a marché.
Dans le passage évangélique de ce jour, Jésus déclare aux « fils de Zébédée » Jacques et Jean, et bien sûr aux autres Apôtres sur lesquels il va fonder son Église : « la coupe que je vais boire, vous y boirez ». Jésus leur annonce le chemin qu’ils vont suivre à sa suite, mais sans leur donner ni détails, ni explications « vous y boirez » et « le baptême, vous le recevrez ».
Toutes ces paroles de Jésus vont rester gravées dans le cœur des Apôtres. La plupart s’éloigneront à l’heure de la Passion du Maître, et la lumière plénière se fera dans leur cœur, à chacun (et en tant que groupe constitué : les Apôtres) au soir de Pâques, lors des apparitions de Jésus et, en plénitude, au matin de Pentecôte, en recevant l’Esprit Saint Paraclet annoncé par le Maître.
Ainsi, un jeune qui se présente au séminaire parce qu’il a dans son cœur le désir d’être prêtre, de la même manière, ne « sait » pas totalement « ce qu’il demande. » Il lui faudra de laborieuses années de formation, et aussi plusieurs années d’exercice du ministère pour découvrir peu à peu que l’objet de notre donation c’est nous-mêmes : acceptant qu’un autre en nous soit le Maître et le Seigneur de notre vouloir.
Don Jean-Marcel